République de Weimar - 3 références cinématographiques
Quelques mots sur le contexte de l’Allemagne lors de l’Entre-Deux-Guerres pour commencer ; connue comme "un combat pour la démocratie qui a échoué", la République de Weimar est une période de tensions et de conflits internes mais c’est aussi une période très riche culturellement. Cette République s’étend de 1918, quand la révolution allemande remplace Empire par République, à 1933, l’ascension d’Hitler au pouvoir. Qualifiée comme République à "deux vitesses" la société subit la crise économique et la pauvreté grandit tandis que l’État défend l’égalité devant la loi, le suffrage universel… Les femmes obtiennent le droit de vote et accèdent au monde du travail, et Berlin est qualifiée de capitale homosexuelle tant l’homosexualité fait partie des mœurs à cette époque. C’est donc une période courte, intense et importante pour l’art de l’Entre-Deux-Guerres en Allemagne.
Tom Tykwer nous donne un moyen de s’imaginer comment pouvait vivre un Berlinois à cette époque avec son adaptation en série des romans policiers de Volker Kutscher ; Babylon Berlin. La musique est probablement ce que je préfère au côté artistique, elle est contemporaine et en contraste avec le contexte historique mais correspond parfaitement au style de la série.
Cependant un Berlinois de la République de Weimar ne verra jamais de film ressemblant à Babylon Berlin. Le cinéma Allemand connaît son "apogée" à ce moment précis et de nombreux de films alors réalisés connaissent un retentissement mondial. Le mouvement artistique de l’époque ayant le plus influencé la cinématographie est l’expressionnisme. Pour vous rappeler ses grands thèmes, l’expressionnisme peut traiter de la mécanisation (la déshumanisation), de la ville (des formes géométriques, des labyrinthes), de la nuit… Ces thèmes créent un véritable univers qui a été exploité de différentes manières par les plus grands cinéastes allemands de l’époque.
Un des premiers grands films du genre horreur est réalisé par Robert Wiene en 1920, il s’agit de Das Cabinet der Dr.Caligari (Le cabinet du docteur Caligari). Ce film est "distorsionné", "bizarre" ou encore "spécial" et caractérisé surtout par ses décors impossibles (les perspectives truquées, tout est incliné). C’est l’histoire d’un fou, c’est une sorte de rêve ; tout dans ce film se rattache donc au mouvement expressionniste. Selon la vision du sociologiste et critique Siegfried Kracauer, ce film de Wiene suggère que l’Allemagne a besoin d’ordre, a besoin d’un tyran, ce qui correspond au contexte historique de l’Allemagne à cette époque.
La réalisation de ce film aurait pu être confiée à Fritz Lang, sûrement le réalisateur allemand le plus célèbre, mais ce dernier avait refusé car il travaillait sur un autre de ses longs-métrages ; Die Spinnen (Les Araignées). Le film muet le plus connu de Fritz Lang, un film dont vous avez probablement déjà entendu parler, est Metropolis, sorti en 1927. Metropolis en quelque mot décrit l’asservissement de l’homme par la Machine à travers une dystopie fictive incroyable. L’homme est donc dépassé par la Machine, la ville est inhumaine et finit par s’ébranler, c’est l’annonce de la crise économique.
Cet article n’est qu’un zoom sur l’expressionnisme dans le cinéma allemand, puisqu’il y a eu à cette période bien d’autres courants artistiques influents (comme le Straβenfilm, donc tourné dans la rue, c’est le réalisme, ou encore le Kammerspiel Film, théâtre de chambre, qui respecte la règle des trois unités du théâtre classique, c’est "le cinéma de l’ordinaire" en réponse à l’expressionnisme encore une fois, et cette parenthèse est maintenant beaucoup trop longue et illustre bien ce que j’écris, cet article n’est qu’un toutpetitminuscule rendu des plus grandes influences du cinéma allemand lors de son apogée
Et je ferme enfin la parenthèse).